Marguerite Duras : écrire et détruire, un paradoxe de la création
Le thème de la destruction, qui insiste dans l’œuvre de Marguerite Duras, paraît hautement problématique. Il s’associe à des personnages livrés à la folie et à l’errance, à l’intérêt porté par l’auteur aux conduites criminelles, ou encore à certaines de ses déclarations prônant l’abolition des conventions sociales et des valeurs culturelles. Cependant, loin d’être un mot d’ordre idéologique, ce terme touche à un point névralgique de la création durassienne, exprimant le rapport subjectif de l’auteur à la terrifiante dimension destructrice inhérente au langage. Paradoxalement, celle-ci lui offre un socle à partir duquel elle fait œuvre. “Détruire” revient donc à donner à l’écriture sa portée réelle.
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The theme of destruction, which insists in Marguerite Duras’ work, appears to be highly problematic. It is associated with characters given over to madness and wandering, with the author’s interest for criminal conduct, or to some of her declarations calling for the abolition of social conventions and cultural values. However, far from being an ideological slogan, this term touches on a crucial point of Duras’ creation, expressing the author’s subjection relationship to the terrifying destructive dimension inherent in language. Paradoxically, the latter offers her a basis from which she builds a work of art. “To destroy” therefore means to give its real dimension to writing.
Marguerite Duras, écrire et détruire : un paradoxe de la création.
Paris, Lettres modernes Minard, « Archives des Lettres modernes », 2018.
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COMPTES RENDUS
« Cette analyse, exigeante et précise, rend compte aussi d’une relecture des œuvres loin des lieux communs, une relecture elle-même créatrice. »
Sylvie Loignon,
Marguerite Duras et le fait divers, suivi de lectures de “La Vie
tranquille”, La Revue des Lettres modernes, 2020, p. 227.
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« L’ouvrage que présente Llewellyn Brown aborde le motif de la destruction dans l’œuvre de Marguerite Duras, moins conçu comme thème que comme concept opératoire pour analyser l’évolution de cette œuvre à l’aune d’une notion à la fois thématisée par les fictions durassiennes et progressivement mise en place comme productrice du sens de l’écrit. […] C’est en effet ce à quoi il s’emploie avec beaucoup de clarté et de rigueur dans l’exégèse, au fil de sept chapitres qui approfondissent le propos et qui lui permettent de traverser des textes importants et représentatifs, depuis Un Barrage contre le Pacifique jusqu’aux tout derniers récits. […]
Le champ critique dans lequel s’inscrit cet ouvrage est très largement et très explicitement référé à la psychanalyse : si les travaux de psychanalystes consacrés à Duras ne manquent pas, à commencer par celui de Lacan, celui-ci offre l’intérêt de mêler cette approche spécifique à un regard littéraire, permettant à un public plus large de s’initier à une lecture scientifique sans quitter la lettre des textes et sans se sentir dépassé par des outils théoriques trop spécialisés. De ce point de vue, l’ouvrage réussit parfaitement à mener à bien son projet. »
Bernard Alazet
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« Je rencontre un écrivain, il s’appelle Llewellyn Brown, il est un horloger de l’impossible, les rouages de son talent sont en acier trempé. Le jour viendra… […] Un œil sur la trajectoire durassienne, l’autre sur la boussole lacanienne, Llewellyn Brown garde le cap du début à la fin du livre. On rencontre à la fois Brown le lecteur et Brown l’écrivain qui livre un savoir inédit sur l’écriture de Marguerite Duras et sur la sienne, même s’il l’ignore. Par un parcours d’une précision absolue, il nous invite à un retournement jusqu’au seuil de la création littéraire à partir de la destruction. “Écrire et détruire” devient “détruire et écrire” dans une tour de passe-passe d’une logique sans faille. […] Marguerite Duras, écrire et détruire : un paradoxe de la création est un essai élevé à la dignité d’un roman.son essai à la dignité du roman, celui d’une aventure littéraire, d’une rencontre et surtout de deux écritures : une qui tente de faire nouage avec l’autre qui glisse, qui file, qui s’échappe sous la plume, insaisissable objet qui laisse derrière lui quelques grains à moudre, quelques grains seulement… »
Philippe Bouret, psychanalyste
A Littérature–Action, n° 7, juillet 2020, p. 161-172
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« Certains livres se veulent des sommes, articulant à la fois synthèse et prospection dans un champ d’étude. Le livre de Llewellyn Brown est de ceux-là, […]. Les réflexions sur l’écriture et la manière dont celle-ci compose un bord permettant à la fois de s’approcher de la jouissance tout en lui faisant barrage, sont lumineuses […]. L’on peut saluer cet ouvrage d’être parvenu à brasser un ensemble d’œuvres très étendu, un pan extrêmement large de la critique – la critique psychanalytique en particulier […] – , tout en abordant à nouveaux frais et en unifiant des sujets aussi divers et rebattus que le cinéma, la dépersonnalisation, Lol V. Stein, Anne-Marie Stretter, la judéité, le politique, etc. Livre enté sur la théorie lacanienne, l’ouvrage de Llewellyn Brown n’en est pas moins touche-à-tout, animé par un désir de porter à la lumière le point où se conjoignent le souci de la forme, la conscience subjective et l’éthique d’un grand écrivain […]. »
Christophe Meurée,
Société internationale Marguerite Duras,
Bulletin n° 39, 2021, p. 10-12.
« Cette analyse, exigeante et précise, rend compte aussi d’une relecture des œuvres loin des lieux communs, une relecture elle-même créatrice. »
Sylvie Loignon,
Marguerite Duras et le fait divers, suivi de lectures de “La Vie
tranquille”, La Revue des Lettres modernes, 2020, p. 227.
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« L’ouvrage que présente Llewellyn Brown aborde le motif de la destruction dans l’œuvre de Marguerite Duras, moins conçu comme thème que comme concept opératoire pour analyser l’évolution de cette œuvre à l’aune d’une notion à la fois thématisée par les fictions durassiennes et progressivement mise en place comme productrice du sens de l’écrit. […] C’est en effet ce à quoi il s’emploie avec beaucoup de clarté et de rigueur dans l’exégèse, au fil de sept chapitres qui approfondissent le propos et qui lui permettent de traverser des textes importants et représentatifs, depuis Un Barrage contre le Pacifique jusqu’aux tout derniers récits. […]
Le champ critique dans lequel s’inscrit cet ouvrage est très largement et très explicitement référé à la psychanalyse : si les travaux de psychanalystes consacrés à Duras ne manquent pas, à commencer par celui de Lacan, celui-ci offre l’intérêt de mêler cette approche spécifique à un regard littéraire, permettant à un public plus large de s’initier à une lecture scientifique sans quitter la lettre des textes et sans se sentir dépassé par des outils théoriques trop spécialisés. De ce point de vue, l’ouvrage réussit parfaitement à mener à bien son projet. »
Bernard Alazet
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« Je rencontre un écrivain, il s’appelle Llewellyn Brown, il est un horloger de l’impossible, les rouages de son talent sont en acier trempé. Le jour viendra… […] Un œil sur la trajectoire durassienne, l’autre sur la boussole lacanienne, Llewellyn Brown garde le cap du début à la fin du livre. On rencontre à la fois Brown le lecteur et Brown l’écrivain qui livre un savoir inédit sur l’écriture de Marguerite Duras et sur la sienne, même s’il l’ignore. Par un parcours d’une précision absolue, il nous invite à un retournement jusqu’au seuil de la création littéraire à partir de la destruction. “Écrire et détruire” devient “détruire et écrire” dans une tour de passe-passe d’une logique sans faille. […] Marguerite Duras, écrire et détruire : un paradoxe de la création est un essai élevé à la dignité d’un roman.son essai à la dignité du roman, celui d’une aventure littéraire, d’une rencontre et surtout de deux écritures : une qui tente de faire nouage avec l’autre qui glisse, qui file, qui s’échappe sous la plume, insaisissable objet qui laisse derrière lui quelques grains à moudre, quelques grains seulement… »
Philippe Bouret, psychanalyste
A Littérature–Action, n° 7, juillet 2020, p. 161-172
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« Certains livres se veulent des sommes, articulant à la fois synthèse et prospection dans un champ d’étude. Le livre de Llewellyn Brown est de ceux-là, […]. Les réflexions sur l’écriture et la manière dont celle-ci compose un bord permettant à la fois de s’approcher de la jouissance tout en lui faisant barrage, sont lumineuses […]. L’on peut saluer cet ouvrage d’être parvenu à brasser un ensemble d’œuvres très étendu, un pan extrêmement large de la critique – la critique psychanalytique en particulier […] – , tout en abordant à nouveaux frais et en unifiant des sujets aussi divers et rebattus que le cinéma, la dépersonnalisation, Lol V. Stein, Anne-Marie Stretter, la judéité, le politique, etc. Livre enté sur la théorie lacanienne, l’ouvrage de Llewellyn Brown n’en est pas moins touche-à-tout, animé par un désir de porter à la lumière le point où se conjoignent le souci de la forme, la conscience subjective et l’éthique d’un grand écrivain […]. »
Christophe Meurée,
Société internationale Marguerite Duras,
Bulletin n° 39, 2021, p. 10-12.
EXTRAIT : DURAS ET LA POLITIQUE